N’avez-vous jamais été fascinés par l’idée du début et de la fin d’une chose ?
Le début et la fin d’un livre ? Le vrai début, vous savez, la première phrase du premier chapitre et le dernier mot de la dernière page ? Pas l’avant-propos, le préambule, la préface, non, le vrai début…
N’êtes-vous pas hantés par le début de la vie, cette expulsion dans un râle rauque, puis le moment précis où le coeur cesse de battre, l’endroit précis où la source jaillit d’un rocher moussu, suintant d’abord modestement, puis l’endroit exact où, dans l’estuaire, l’eau douce se corse aux limons de l’océan, l’étincelle précise où deux êtres se rencontrent, puis le moment exact où l’un d’eux referme la porte sur l’aventure ?
Entre deux, il y a le milieu, ce qui est induit par le début et qui précède la fin, il y a ce qui relie anecdotiquement le début à la fin de toute chose. Il y a l’histoire qui ne saurait être sans son début et son dénouement. Il y a le cours des choses. Le début et la fin de celles-ci. Et entre les deux, un prétexte, une épopée, une vie. Une vie pour rien, parfois. Une vie d’aubes grises, de réveils au chant du coq, de jours médiocres qui s’égrainent sans raison, l’un donnant naissance au suivant, comme la clope dont on se sert pour allumer la suivante…
Vous voyez bien que j’ai toujours le dernier mot…

Pierre d’o